De plus en plus, le monde des arbres fait partie des préoccupations des citoyens au point que même les personnages politiques en ont fait un atout fort de leur communication ! Si les connaissances sur la nature par l’ensemble de la société se sont fortement restreintes, il est rassurant de constater depuis quelques années un regain d’activités proposant l’arbre comme centre d’intérêt.
Moins attractif dans notre culture occidentale qu’un animal, le végétal arbre attire plus de bienveillance et d’intérêt quand un critère particulier -propre à l’origine de l’arbre, aux caractéristiques du lieu ou imposé par l’activité humaine- le fait se distinguer de l’anonymat. Ce sujet remarqué aura peut-être la chance de devenir plus tard un arbre remarquable ou vénérable, exclu par conséquence d’un circuit de production et pourvu d’attentions conservatoires, susceptible de rentrer dans le patrimoine de l’humanité… Bien sûr cette identité n’exclut pas l’arbuste ou l’arbrisseau, ligneux de taille inférieure, ni les lianes pour le caractère pérennant.
Dans l’identité de l’arbre les critères d’adaptation liés au milieu naturel sont les plus nombreux, la plupart imposés par le vent (anémorphose) ou le sol (géomorphose). Ils peuvent être également issus de combinaisons de situations particulières liées au milieu naturel (biomorphose), aux traumatismes ou à l’inclusion de structures diverses (anastomoses) comme les pierres, clôtures, piquets, troncs voisins… Les boisements de la commune de Canéjan renferment quelques spécimens dignes d’intérêt ; quelques-uns sont présentés dans cet article (clichés 1 à 4).
La génétique est aussi pourvoyeuse d’originalité dans la diversité et l’adaptation au point de se concrétiser parfois par l’apparition d’une ou plusieurs caractéristiques nouvelles dont la stabilité, dans un nombre plus ou moins restreint d’individus, pourra se perpétuer et attirer l’intérêt (mutation, écotype). C’est ainsi que la multiplication par voie asexuée (bouturage par exemple) du hêtre à feuilles rouges (Fagus sylvatica purpurea) ou du chêne pyramidal (Quercus robur fastigiata) a permis de répandre ces merveilles.
La valorisation de sujets particuliers peut prendre parfois plusieurs siècles. C’est le cas du chêne pyramidal de Babenhausen, âgé de cinq siècles, se trouvant au sud-est de Francfort (Allemagne), dont la descendance serait tout simplement la totalité des chênes pyramidaux d’Europe ! Des outils comme la génétique moléculaire permettront peut-être un jour d’en savoir un peu plus sur ce phénomène.
Je conclus de ce modeste exposé que planter des arbres à notre convenance, c’est-à-dire sans concession sur leur identité (origine, adaptation…), ne sert pas à grand-chose, sinon à flatter les égos. Pour faire face aux variations climatiques contraignantes, comme la sècheresse, il sera incontournable de valoriser les ressources locales, ces dernières sont celles qui sont le mieux adaptés à chaque situation.
Jean-François Larché