« L’ éco-anxiété : ça vous parle ?

Soirée-débat : Quel ressenti à l’annonce des mauvaises nouvelles pour l’avenir de la planète et de l’humanité ?Comment gérer le stress qui en découle ? Une Soirée-débat proposée par le collectif  Canéjan en Transition s’est tenue sur ce thème le jeudi 28 mai 2020.

En amont de la soirée, nous avons proposé le visionnage de vidéos pour servir de base à la discussion :

  • Un reportage de France 24 (6 min), qui explique l’importance de prendre en compte l’éco-anxiété et aborde quelques pistes pour transformer ces sentiments en « espoir actif » : https://www.youtube.com/watch?v=mRAZTxCdfGk ;
  • Une vidéo de la chaine youtube « le stétho d’Alice« (3 min), qui définit l’éco-anxiété et la solastalgie, et insiste sur le fait que ces sentiments (a priori négatifs) peuvent nous donner force et « énergie positive » pour aller de l’avant : https://www.youtube.com/watch?v=QnaWXoib-z0.

Durant cette soirée, les 2 animatrices (complètement amateures) se sont appuyées sur le livre « Une autre fin du monde est possible : vivre l’effondrement et pas seulement y survivre » de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle.

Cette soirée, qui a eu lieu en extérieur, près du verger citoyen du centre Simone Signoret, entre 19h et 22h30, s’est tenue en 2 parties : une première partie « émotions » et une seconde partie « réflexions communes« .

La première partie a consisté en une rapide introduction du sujet, mentionnant notamment qu’il est normal et plutôt sain d’être concerné par la solastalgie compte tenu de l’actuelle crise écologique et sociale, et abordant des points importants développés dans le livre, vis-à-vis des diverses réactions possibles face à ce problème. Chacune des personnes présentes (quasiment exclusivement des femmes : 1 homme présent sur une vingtaine de personne) s’est alors ensuite exprimée durant plusieurs minutes, pour partager un témoignage sur la base des questions suivantes : « Qu’est-ce la crise écologique actuelle provoque en vous ? Y a-t-il des manifestations visibles, tangibles de cette crise qui vous affectent particulièrement ces derniers temps ?« . Les prises de paroles n’ont pas toujours été faciles, mais les échanges ont été intenses, et nombreux ont fait référence à la crise sanitaire du Covid-19 alors en cours.

Durant la seconde partie, il a été question de discuter des solutions individuelles (liées à la reconnexion à la nature, la spiritualité, l’accueil et la gestion des émotions que toutes ces préoccupations suscitent, etc.) qui peuvent être explorées pour sortir d’un état dépressif, potentiellement paralysant.

Pour ne citer qu’une solution parmi plusieurs : se rapprocher des autres est souvent très important. C’est notamment pour cela que nous avons ressenti le besoin d’organiser cette soirée. En effet, nous sommes souvent dans « le faire« , dans nos vies, y compris au sein du Collectif Canéjan en Transition. Ce soir-là il s’agissait plus « d’être« , « de sentir« .

Pour celles (et éventuellement celui !) qui ont apprécié cette soirée, et ressentent l’envie « d’aller plus loin » dans cette partie de la transition, à savoir : « la transition intérieure » (qui est chère aux auteurs du livre Une Autre fin du monde est possible), nous vous invitons à faire part de cette envie au Collectif (et en particulier à Dominique). En effet, plusieurs d’entre nous trouveraient agréable d’avancer en petit groupe sur ce sujet, afin de s’épauler les unes les autres. Il ne s’agit pas de délaisser les actions plus concrètes bien sûr, mais plutôt de savoir comment se soigner dans les périodes les plus difficiles.

  • Dominique, pourquoi as-tu eu envie de proposer une soirée « éco-anxiété / solastalgie » avec le Collectif Canéjan en Transition ?

Les scientifiques et experts nous alertent depuis longtemps sur les menaces qui pèsent sur l’avenir de l’humanité et de la biodiversité. Cela me touche profondément, me rend triste, très en colère, vraiment inquiète pour notre avenir à tous, nos enfants, ma petite-fille qui vient de naître… Ce ressenti, je réalise que je ne suis pas seule à l’éprouver, qu’il est au contraire normal, que ce qui ne l’est pas, c’est de rester insensible à ces informations. Le partager, ça permet d’avancer, d’imaginer un avenir car d’autres peuvent nous y aider, y ont réfléchi et ouvrent des pistes, Je pense qu’on ne peut pas vraiment s’engager dans une transition collective sans opérer une transition intérieure, sans évoluer émotionnellement et accepter la réalité sans pour autant se résigner, baisser les bras. Cela fait plusieurs années qu’on agit au sein du collectif sans avoir abordé cette question, cela me paraissait indispensable.

  • Que pourrais tu répondre à ceux qui dénigrent ce genre de soirée, mettant en avant que l’important ce sont les actions concrètes ou encore que cela leur paraît s’inscrire « dans la mouvance du développement individuel » ?

Ce n’est pas parce qu’on s’intéresse à notre ressenti que ça nous empêche d’agir, ce n’est pas antinomique, bien au contraire, Ces partages, l’expression de notre ressenti douloureux, nous permettent de nous relier aux autres. Il apparaît évident que l’entraide, la solidarité sont au coeur de notre démarche, contrairement à ce qui est encouragé dans le développement personnel qui risque d’entraîner un repli sur soi.

  • Quel bilan tires-tu de cette première soirée ?

Manifestement, ce sujet a intéressé puisqu’on s’est retrouvés nombreux malgré les contraintes liées à l’épidémie. Il est rare d’avoir l’occasion d’exprimer nos émotions, surtout négatives, ça a permis d’échanger sur un autre mode, sensible, sans se sentir jugé; ça ouvre un possible, un chemin.

  • Quelle est la prochaine étape ?

Avancer ensemble, continuer à partager, exprimer; se soutenir aussi. Et pourquoi pas explorer, ensemble, certaines des pistes évoquées dans le livre de Pablo Servigne?